Guide-conférencière à l’Office de Tourisme de Saumur, Hélène Genin entraîne les visiteurs cet été sur les traces des fortifications de la cité ligérienne. Elle en connaît si bien l’histoire et les monuments, qu’elle parvient à y déceler les traces encore visibles des Guerres de Vendée. 

Ici, sur les murs de tuffeau, ce sont des impacts de balles « qui proviennent sûrement des fusils des royalistes vendéens, explique Hélène Genin. Ils ont pris la ville le 9 juin 1793 ». Plus loin, c’est la Tour Grenetière qui fut une effroyable prison sous la Terreur. Elle servait déjà de lieu de détention à l’époque de la contrebande du sel. La Révolution abolit la gabelle, mais conserva la tour pour y jeter des Vendéens par centaines, hommes et femmes.

 

Le général Danican y fit une visite au cours de l’été 1793 : « À l’affaire du 5 août 93 à Doué, l’avant-garde fit 79 prisonniers, qui furent conduits à la tour de Saumur [= la Tour Grenetière], où j’eus l’occasion d’aller quelques jours après… Je voulus voir les prisonniers vendéens ; on me fit descendre au fond d’un large tour, où, parmi un tas de moribonds, je vis un homme mort, et un autre qui expirait à côté de lui. Je tombai moi-même suffoqué par le méphitisme ; on m’entraîna hors de la tour… » (Auguste Danican, Les Brigands démasqués…, Londres, 1796, p. 217)

 

« Leur durée de vie était de 9 mois… »

 

Le 6 septembre 1793, une inspection menée par les officiers de santé Couléon et Leblanc y recensent 400 prisonniers, mais l’arrivée de nouveaux captifs vendéens ne cesse d’en grossir le nombre. Les républicains profitent alors de l’agonie de la Vendée, et bientôt de la Virée de Galerne, pour s’adonner à une battue générale contre les « brigands ». Le 8 novembre, le Comité révolutionnaire de Saumur signale que le complexe carcéral de la Tour Grenetière est engorgé par plus de 800 détenus (il y en a pourtant bien d’autres prisons dans la ville). Des convois sont alors organisés pour évacuer vers Chartres et Bourges ces « brigands » qu’on accusait de manger le pain des sans-culottes.

 

Les cachots ne se vident pas pour autant, car les prisonniers ne cessent d’affluer. On les entasse dans la tour, ainsi que dans la salle souterraine, dans les bâtiments annexes, sous les combles, etc., dans des conditions ignobles. On n’imagine pas l’odeur pestilentielle qui émane des litières de paille putréfiée, des anciennes latrines obstruées qu’on remplace par des baquets. Les officiers municipaux et des médecins qui s’aventurent dans ce cloaque dénoncent à plusieurs reprises cette situation.

 

L’endroit a également accueilli des républicains, essentiellement des soldats déserteurs, pillards ou indisciplinés. Mais les Vendéens y demeurent les plus nombreux. L’établissement à Saumur de commissions militaires va permettre de les éliminer sans grande formalité. Il faudra cependant attendre l’été 1794 pour que la Tour Grenetière retrouve un fonctionnement « normal ».

 

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Merci à Nicolas Delayahe.